Qu'est-ce qu'une vague de chaleur ?
Une vague de chaleur correspond à l’observation pendant plusieurs jours consécutifs de températures anormalement élevées. Elle peut être provoquée par une météo sèche et dégagée ou par des vents persistants provenant de régions chaudes comme le Sahara. Ces événements climatiques extrêmes présentent une menace pour la santé, la biodiversité et l’économie marocaine. Il est prévu que ces événements soient plus fréquents et plus intenses au cours du siècle à venir.
Projection horizon 2050 au Maroc
Aujourd’hui, le Maroc connaît en moyenne 20 jours par an de vague de chaleur. On constate déjà une multiplication de leur fréquence et intensité, avec la vague de chaleur subie en Mai 2022 dans plusieurs provinces du Royaume. Pour un scénario de réchauffement de 2,5°C en 2050 — aligné avec les projections actuelles — on estime que ce nombre passerait à 60 jours par an. Pour un scénario de réchauffement de 4,5°C en 2050 — poursuite de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre — cela passerait à 100 jours par an.
Vulnérabilité et risques pour la santé
Parmi les populations les plus vulnérables aux vagues de chaleurs, on compte les sans-abri, personnes en mauvaise santé, travailleurs surexposés à la chaleur, nourrissons, personnes âgées. Si l’on ne décide pas de drastiquement réduire nos émissions de gaz à effet de serre, alors les situations d’inconfort thermique deviendront la norme pour toutes ces populations d’ici le milieu du siècle. On projette une multiplication des risques d’hyperthermie provoqués par un extrême inconfort thermique pendant l’été (inconfort thermique = températures ressenties supérieures à 32°C) d’ici la fin du siècle.
Au-delà de créer un situation d’inconfort, les vagues de chaleurs présentent des risques pour la santé. Le corps humain doit rester à sa température normale (environ 37°C). Pendant une vague de chaleur, il se met donc à fournir des efforts pour retrouver cette température. Si cet effort est trop important, cela peut entraîner des effets cardiovasculaires, des effets sur la respiration, la digestion ou les capacités cognitives. Ainsi, on estime que le risque de mortalité des plus de 65 ans en 2050 dans des conditions d’extrême chaleur serait multiplié d’un facteur entre 2 et 5 pour un réchauffement de 2,5°C. Pour un réchauffement de 4,5°C en 2050, ce facteur passe entre 3 et 8. Et il faut s’attendre à ce que les personnes en capacité de venir en aide aux plus vulnérables soient également en difficulté.
Effet d'îlot urbain
En milieu urbain, les effets des vagues de chaleurs sont amplifiés. Le manque de végétation, la forte activité humaine et le captage de la chaleur par les matériaux urbains sont des facteurs contribuant à renforcer l’intensité des vagues de chaleur. Cet effet est appelé effet d’îlot de chaleur urbaine. À l’inverse, la transpiration des plantes dans les zones végétalisées contribue à rafraîchir l’atmosphère et compense la chaleur. Ainsi, la différence de température nocturne entre une ville et la campagne peut atteindre 10°C en été pendant une canicule.
L’absence de végétation dans les zones arides du royaume a aussi un effet ampificateur. En effet, comme en milieu urbain, l’absence de végétation due à la sécheresse des sols réduit l’effet de rafraîchissement qui aurait pu être obtenu par l’évaporation et la transpiration des plantes.
Conséquences économiques
Les vagues de chaleurs ont également des conséquences économiques. Il est par exemple projeté que pour un scénario de réchauffement de 4,5°C en 2050, l’inconfort thermique entraînerait une réduction de la capacité de travail de 20% en 2050 et 40% en 2100 pendant les mois les plus chauds de l’année.
Lorsqu’elles deviennent trop longues et intenses, les vagues de chaleurs représentent aussi une menace pour les récoltes agricoles et le bétail. L’exposition prolongée à des températures anormalement élevées — couplée à un contexte de sécheresse — entraîne la perte ou malformation d'hectares de cultures céréalières comme cela a pu être le cas au printemps 2022. Les vagues de chaleurs sont également à l’origine d’une surmortalité des animaux d’élevage, comme l'a démontré la canicule de l’été 2003 qui aura provoqué la perte de près de 5 millions de volailles.
Les épisodes de vagues de chaleur, qui deviendront plus intenses et plus fréquents dans les années à venir, constituent donc une perte directe de rendement pour les agriculteurs et une menace pour la sécurité alimentaire du royaume.
sources
Article par Shahine Bouabid