Qu'est-ce que le niveau maRin et pourquoi augmente-t-il ?
Le niveau marin (ou niveau de la mer) est une mesure de la hauteur de la surface des océans. Le niveau marin a globalement augmenté de près de 20 cm depuis 1901, menaçant de nombreuses régions côtières dans le monde d’être submergées. Le Maroc ne sera probablement pas épargné.
Le changement climatique entraîne une élévation du niveau marin moyen pour deux principales raisons: la fonte des glaces terrestres et la dilatation thermique.
La fonte des glaces terrestres est la plus intuitive. L’augmentation des températures provoque la fonte des glaciers et calottes polaires. La glace fondue se retrouve dans l’océan et contribue à faire monter le niveau marin. Cet effet est à distinguer de la fonte des banquises, qui sont déjà dans l’eau, et ne contribuent donc pas à faire monter le niveau marin contrairement à ce que l’on pourrait croire.
De plus, l’augmentation des températures provoque un réchauffement des océans. Or, à une température plus élevée, une même quantité d’eau occupe davantage de volume. Cet effet, appelé dilatation thermique, est aussi une contribution importante à la montée des océans. Il est responsable d’environ un tiers de l'élévation en cours du niveau marin.
Projection horizon 2100 au Maroc
Dans le dernier rapport du GIEC, il est projeté qu’à l’horizon 2100, le niveau marin global augmenterait de 0,34m pour un réchauffement de 1,5°C et de 0,81m pour un réchauffement de 3°C. À titre d’indication, nous nous dirigeons actuellement vers un réchauffement de 2,7°C.
Pour une élévation de 0,44m, on projette qu’au Maroc 1,82 millions de personnes seraient affectées. Pour une élévation de 0,39m, on projette qu’environ la moitié des plages entre Saidia et Ras el Ma seraient érodées. Pour une élévation de 0,89m, la quasi-totalité des plages de Tanger disparaîtraient, ainsi que plus de trois quart des infrastructures de tourisme de la zone.
Les infrastructures côtières (ports, entrepôts, commerces) et habitations en bord de mer sont directement menacées par la montée du niveau des eaux. Si aucun action d’adaptation n’est entreprise, on estime le coût moyen des dégâts à 191 millions de dollars en 2050 pour Casablanca uniquement !
Au Maroc, plus de 60% de la population et plus de 90% des entreprises sont situées dans les principales villes côtières. Ces villes — telles que Casablanca, El Jadida ou Agadir — et leurs populations sont donc directement exposées à la montée du niveau marin. Le graphique ci-dessous présente les parts de la population qui seraient sous le niveau des eaux en 2100 et sur long terme pour des réchauffements de 1,5°C et 3°C.
À l’horizon 2100, moins de 4% des populations des principales agglomérations sont directement menacées par la montée du niveau des eaux, avec peu de différence entre un réchauffement de 1,5°C et 3°C. Ce chiffre tombe en dessous de 1% pour Agadir, Rabat, Safi et Tanger.
Les dynamiques des océans étant très lentes, la montée du niveau marin se poursuivra bien après 2100. Sur le long terme, la différence d’exposition des populations en fonction des niveaux de réchauffement est plus marquée. En particulier, on note que pour un réchauffement de 3°C (on se dirige vers 2,7°C aujourd’hui), la ville de Dakhla est vouée à entièrement disparaître.
Visualisation des terres submergées
En utilisant l’outil en ligne Climate Central, il est possible de visualiser les terres submergées en 2100 pour différents niveaux de réchauffements.
On peut par exemple comparer ci-dessous en rouge les terres qui seront submergées en 2100 pour des réchauffements de 1,5°C et 3°C autour de Kenitra et Tétouan.
On peut observer qu’Essaouira est particulièrement menacée par une montée des eaux qui submergerait toutes les terres face à l’océan et une grande partie de la ville.
Sources
Article par Shahine Bouabid